Plus la peine de parler du pour ou contre « je suis Charly ». Mais d’où vient cette expression d’identification avec des personnes en souffrance?
Cela faisait vingt-deux mois que l’union soviétique avait appuyé la construction d’un mur à Berlin. Le 26 juin 1963, le président Kennedy lors d’un discours à Berlin Ouest, a dit : ich bin ein berliner (je suis un berlinois)
La ville avait été coupée en deux, séparant familles, amis, citoyens et faisant couler des larmes, privant de nombreuses personnes de liberté.
C’était une façon pour Kennedy de montrer son empathie avec un peuple en souffrance, isolé dans une petite partie du monde libre, au milieu d’un empire soviétique. L’identification était une parole d’empathie.
Il en est de même dans la bible. En Jésus, Dieu déclare : « Je suis humain » Pourtant nous comprenons que l’incarnation n’ôte pas sa nature divine. Elle représente une façon de s’approcher de notre condition douloureuse. Est-ce à dire que Dieu se faisant homme, aurait approuvé toutes les horreurs et les erreurs de l’humanité?
Bien sûr que non.
Alors ceux qui ont dit, « je suis Charly » n’approuvent pas tous les horreurs et les erreurs du journal Charly Hebdo. C’est ma position en tout cas. Mais ils comprennent la peine de la situation et les enjeux face au terrorisme de l’islam radical.
« Ich bin ein Berliner » peut se décliner de bien des façons en ce 21ème siècle
Alors oui j’ai été juif quelques jours plus tard.
Je suis une fille nigériane. Je suis une victime du trafic humain de l’Europe de l’est, du Congo ou d’ailleurs.
Si, par exemple, Zemmour venait à tomber, je pourrai écrire je suis Zemmour. Et si d’autres tombaient par la terreur de cette puissance méchante et mensongère de l’islam radical, je m’identifierai aussi. Même si cette victime se nommait Rachid ou Ali et avait une croyance qui n’est pas la mienne.
Est-ce à dire que je cautionne les positions de Zemmour, de Charly, les croyances du judaisme et celles des musulmans?
Bien sûr que non.
Mais… Ich bin ein berliner du 21ème siècle.